Lundi 13 mars passait au théatre des Champs-Elysées Yaron Herman Trio. J’y suis allé sur un coup de tête. Sur un coup de tête parce que d’une part je ne connaissais pas et d’autre part je me suis décidé quelques heures avant.
En fait, c’est suite à une chronique sur France Info, diffusée la veille au soir, que j’ai pris connaissance de ce concert. La formule trio de jazz étant quelque chose qui me séduit beaucoup, j’ai donc décidé de voir s’il restait des places. C’était donc le cas.
Le promoteur avait décidé de faire une formule tarif unique, placement libre. Dans mon cas précis d’achat de place à la dernière minute, c’était plutôt une bonne chose. Dans l’absolu, c’était beaucoup plus discutable. Les portes n’ouvrant qu’une demi-heure avant le début du concert, beaucoup de monde était déjà là à ce moment et c’était plutôt la bousculade. Et surtout, je pense que toute les places sont loin de ce valoir.
Le théatre des Champs-Elysée est une salle ayant une disposition de théatre plutôt classique : c’est à dire des place en fauteuils orchestres, le reste en balcon, sur plusieurs étages. J’ai réussi à avoir une place en fauteuil orchestre, à une dizaine de rangs de la scène et plutôt centré. La salle était bien remplie.
Yaron Herman est un jeune (27 ans) pianiste Israélien. Il est arrivé très tard au piano puisqu’il a démarré à l’âge de 16 ans alors qu’il se destinait originellement au basket. C’est en France qu’il a démarré sa carrière donc il sait parler français et jouait en quelque sorte chez lui. Il a été élu révélation musicale de l’année aux Victoires du Jazz en septembre 2008.
Ce trio est complété par Matt Brewer à la contrebasse et Gerald Cleaver à la batterie. Tous les deux sont américains. A noter aussi la présence sur certains morceaux du Quatuor Manfred. Il ne s’agit pas du même quatuor à cordes qui joue sur certains morceaux du dernier album du Yaron Herman Trio, mais il est lui aussi issu du classique. Était aussi invité le guitariste Dominic Miller. Guitariste qui est surtout connu pour son travail avec Sting, mais qui a joué avec beaucoup d’autres artistes.
Le style du Yaron Herman Trio alterne entre des morceaux plutôt calmes et mélancoliques et des morceaux beaucoup plus rythmés. Les sonorités présentes au piano sur les morceaux calmes m’évoquaient des compositeurs classiques tels que Debussy. Certains morceaux plus rythmés ne peuvent être écoutés sans penser à Keith Jarret. Mais même si les influences sont là, le trio a son style bien à lui. La contrebasse était malheureusement sous-mixée tout au long du concert, je n’ai pas vraiment pu apprécier son jeu. Par contre, la batterie est très présente et apporte beaucoup à l’ensemble.
L’apport du quatuor sur les quelques morceaux où ils jouaient n’était pas négligeable. Leur rôle était majoritairement un rôle de soutien mélodique au piano, mais ce n’était pas toujours le cas. En effet, certaines parties étaient beaucoup plus indépendantes du trio et étaient plus là en balance, voire en opposition. Globalement, j’ai trouvé cette association une riche idée qui n’était pas là seulement pour faire joli mais qui apportait plutôt une vraie dynamique à l’ensemble. Je ne saurais pas dire pourquoi, mais certaines de leurs interventions m’évoquaient le Mahavishnu Orchestra.
Dominic Miller jouait sur une guitare classique. J’ai bien aimé aussi ses interventions. Ils ont notamment fait un duo avec Yaron sur le thème de Shape of my heart (Sting, D. Miller). A part ce morceau, Dominic Miller a joué sur un morceau avec le trio et un morceau où était aussi présent le quartet à cordes.
Yaron Herman est pour moi vraiment un grand pianiste de jazz. D’un point de vue technique, je ne pense pas qu’il ait quoi que ce soit à envier à grand monde. D’un point de vue musical, j’ai apprécié sa versatilité ainsi que son approche sonore du piano. Je pense, entre autre, au morceau Toxic (oui c’est une reprise de Britney Spears) où il joue toute une partie en étouffant d’une main les cordes du piano. La recherche de sonorité est très intéressante et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Pour ceux qui veulent découvrir à quoi ressemble Yaron Herman Trio, les albums sont écoutables sur Deezer. Je vous recommande le nouvel album Muse. De plus le concert était diffusé par TSF Jazz et est réécoutable (bootleg aussi dispo sur Dimeadozen).
j’ai l’impression en lisant ton billet qu’il était préférable d’assister au concert de Bègles (banlieue de Bordeaux) ! Nous avions « seulement » le trio, mais les conditions étaient excellents et j’ai passé une soirée merveilleuse, complètement emportée et emballée ! (j’en parle également dans mon blog)